Commentaires des lectures

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Ci-dessous: le commentaire de l’évangile du dimanche 19 Mars 2023, 4ème dimanche de Carême

ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN 9, 1-41 (Commentaire de la lecture brève)

On entend ici comme une illustration de ce que saint Jean disait dès le début de son évangile, dans ce qu’on appelle « le Prologue » : « Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme. Il était dans le monde et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. » C’est ce que l’on pourrait appeler le drame des évangiles. Mais Jean continue : « Mais à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. »

C’est exactement ce qui se passe ici : le drame de ceux qui s’opposent à Jésus et refusent obstinément de reconnaître en lui l’envoyé de Dieu ; mais aussi et heureusement, le salut de ceux qui ont le bonheur, la grâce d’ouvrir les yeux, comme notre aveugle, aujourd’hui.

Car Jean insiste bien pour nous faire comprendre qu’il y a deux sortes d’aveuglement : la cécité naturelle, qui est le lot de cet homme depuis sa naissance, et puis, beaucoup plus grave, l’aveuglement du cœur.

Lors de sa première rencontre avec l’aveugle, Jésus a fait le geste qui le guérit de sa cécité naturelle. Lors de sa deuxième rencontre, c’est le cœur de l’aveugle que Jésus ouvre à une autre lumière, la vraie lumière. D’ailleurs, vous l’avez remarqué, Jean se donne la peine de nous expliquer le sens du mot « Siloé » qui veut dire « Envoyé ». Or, dans d’autres cas semblables, il ne donne pas le sens des mots. Cela veut dire qu’il y attache une grande importance. Jésus est vraiment envoyé par le Père pour illuminer le monde de sa présence.

Mais une fois de plus, nous butons sur le même problème : comment se fait-il que celui qui était envoyé dans le monde pour y apporter la lumière de Dieu a été refusé, récusé, par ceux-là mêmes qui l’attendaient avec le plus de ferveur ? Et, en ces jours-là, plus que jamais, peut-être, puisque, si l’on en croit les chapitres précédents de l’évangile de Jean, l’épisode de l’aveugle-né s’est déroulé le lendemain de la fête des Tentes qui était la grande fête à Jérusalem et au cours de laquelle on évoquait à plusieurs reprises avec ferveur la venue du Messie.

On sait qu’au temps de Jésus cette impatience de la venue du Messie agitait tous les esprits. Il faut se mettre à la place des contemporains de Jésus : pour eux tout le problème était donc de savoir s’il était réellement « l’envoyé du Père »… celui que l’on attendait depuis des siècles, ou un imposteur ; c’est la grande question qui accompagnera toute la vie de Jésus : est-il le Messie, oui ou non ?

Or ce qui alimentait les discussions, c’était le côté paradoxal des faits et gestes de Jésus : d’une part, il accomplissait des œuvres bonnes, qui sont bien celles qu’on attendait du Messie : on savait qu’il rendrait la vue aux aveugles justement, et la parole aux muets, et l’ouïe aux sourds. Mais il ne se préoccupait guère du sabbat, semble-t-il ; car cet épisode de l’aveugle-né s’est passé un jour de sabbat justement. Or si Jésus était l’envoyé de Dieu comme il le prétendait, il respecterait le sabbat, c’est évident.

Ce sont précisément ces évidences qui sont le problème : encore une fois, les Juifs du temps de Jésus attendaient le Messie, l’aveugle tout autant que l’ensemble du peuple et les autorités religieuses. Mais nombre d’entre eux avaient trop d’idées bien arrêtées sur ce qu’il est bien de faire ou dire et n’étaient pas prêts à l’inattendu de Dieu. L’aveugle, lui, en savait moins long : quand les Pharisiens lui demandent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répond simplement : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. » C’est à ce moment-là que les Pharisiens se divisent : les uns disent : « Cet homme est un pécheur puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » À quoi d’autres répliquent : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? »

L’aveugle, lui, n’est pas empêtré dans des idées toutes faites : il leur répond tranquillement : « Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Mais c’est toujours la même histoire : celui qui s’enferme dans ses certitudes ne peut même plus ouvrir les yeux ; tandis que celui qui fait un pas sur le chemin de la foi est prêt à accueillir la grâce qui s’offre ; alors il peut recevoir de Jésus la véritable lumière.

Complément

Cet épisode de la guérison de l’aveugle-né se situe dans un contexte de polémique entre Jésus et les Pharisiens. À deux reprises, Jésus leur a reproché de « juger selon les apparences ». (Jn 7,24 ; 8,15). On comprend, de ce fait, le choix de la première lecture qui nous rapporte le choix de David et cette phrase : « Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le SEIGNEUR regarde le cœur. » (1 S 16,7).